La civilité correspond à l'observation de la convenance, des bonnes manières et de la morale. C'est ce que chaque parent digne de son rôle d'éducateur doit enseigner à ses enfants. C'est une attitude qui devrait être de facture courante dans une société moderne, démocratique et instruite.
Par opposition, les incivilités se définissent comme un "ensemble de nuisances sociales extraordinairement variées qui ne blessent pas physiquement les personnes, mais bousculent les règles élémentaires de la vie sociale permettant la confiance." (Sebastian Roché).
Les incivilités sont des actes humains en rupture avec la vie sociale. Elles se voient, se lisent ou s'entendent chaque jour, du fait de jeunes, d'anciens, de natifs ou d'immigrés, de gens de toute culture, de tout métier ou de toute religion, un fléau qui se répand à grande vitesse.
C'est l'irrespect, ce sont les invectives, les crachats, les graffitis sur les murs des villes, les dégradations de biens publics, les attroupements d’individus potentiellement menaçants, le bruit dans les immeubles d’habitation, les insultes dans la vie quotidienne, les clients impatients au téléphone, les mots grossiers entre automobilistes, les injures en assemblées générales de copropriété.
Et si l' on prend la définition de Sebastian Roché à la lettre, s'abstenir de voter, dans une société démocratique, c'est "une nuisance élémentaire qui bouscule une règle élémentaire de la vie sociale".
L'exemple devrait venir d'en haut, mais un politicien qui ne tient pas ses promesses, un ministre des finances qui se fait prendre la main dans son portefeuille suisse, un présidentiable accusé de proxénétisme, un chef de parti dans un scandale de fausses factures, rien de bon pour l'exemple. Au plus haut niveau, dans les sphères où certains ont oublié ce qu'est la vraie vie, la valeur morale n'est pas exacerbée, c'est le moins que l'on puisse dire.
Ceci crée une altération de la confiance entre les personnes étendue à une altération de la confiance en les institutions. Rester indifférent à cet incivisme, c'est ouvrir la voie aux potentiels délinquants qui le perçoivent comme une indifférence de la société au désordre.
C'est grave ! La théorie développée par Wilson et Kelling (1982), explique que si dans un endroit, une vitre est brisée et qu'elle n'est pas remplacée, alors toutes les autres connaitront le même sort.
La politique de lutte contre les incivilités et de lutte contre la criminalité s'est appuyée dans la ville de New York sur cette théorie de la "vitre brisée". Au début des années 1990, le métro new-yorkais connaissait un taux exponentiel de délinquance. La décision a été prise de sanctionner tous les manquements aux règles applicables dans l’enceinte du métro (pieds sur les sièges, non-acquittement du prix du billet, ivresse...). En quelques années, le taux de criminalité a fortement baissé, y compris pour les infractions les plus graves (violences, crimes, viols...), et le taux d’élucidation des crimes a été fortement amélioré. Cette nouvelle politique a ensuite été généralisée à l’ensemble de la ville avec des résultats comparables.
La tolérance zéro fait partie de la solution pour réduire ces nuisances. Des politiques publiques sont mises en place. Depuis 1997, des contrats locaux de sécurité ont été signés, impliquant tous les acteurs de la sécurité.
Il est urgent aussi de remettre la discipline au centre de la vie sociale : à l'école, le respect des professeurs et le goût du travail, en famille la soumission à l'autorité parentale et la solidarité inter-générationelle ; en politique l'intégrité et la transparence, dans les affaires, la loyauté et le respect des engagements ; dans les relations en B to C, le respect du professionnel, dans le travail, l'esprit d'équipe, dans la vie de tous les jours, la responsabilisation, la politesse, le respect d'autrui.
Un petit pas pour la civilité, c'est un grand bon pour la sérénité.
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