lundi 18 mars 2013

En conscience

"Le possible est l'oxygène de la conscience." (Kierkegaard)

De prime abord cela parait tout simple. Mais en y réfléchissant, c'est plus compliqué qu'il n'y parait et chaque mot à son importance.

Qu'est ce que le possible ? En logique, une proposition est possible si elle n’implique pas contradiction (« Il pleut et il ne pleut pas » est impossible) ; « Il est grand et intelligent » est possible). Le possible, c'est ce qui est faisable, réalisable, ce qui peut être, se produire et ne s'oppose ni aux lois ni aux conditions générales de l’expérience. Le monde du possible ouvre la porte à la notion de choix, car il peut souvent s'offrir plusieurs possibilités. J'ai un projet mais cela se heurte a deux conditions, que je sois en mesure de la réaliser, et que j'ai la liberté de le réaliser. Le possible, je le conçois a partir de mon expérience, de mes capacités, de mon environnement social et culturel, mais aussi je l'imagine, le crée, le fonde. cela suppose aussi que j'ai la liberté de le réaliser. Je vais faire les choix, mon arbre de décision entre plusieurs possibilités, en fonction de mon autonomie de décision, des techniques adéquates et de ma motivation.

L'oxygène est la portion respirable de l'air, le troisième élément le plus important de l'univers. Il est indispensable au cycle de vie, et il est un composant essentiel des molécules qui se retrouvent dans tout être vivant : acides amines, sucres, etc... Lorsque l'organisme manque d'oxygène, c'est l'anémie. Lorsque les poumons manquent d'oxygène, c'est l'étouffement. Par extension, manquer d'oxygène est une expression populaire pour étendre cette sensation d'étouffement au corps social : trop d'impôt, l'économie étouffe et risque l'asphyxie.

La conscience peut se comprendre comme la capacité à « s'apercevoir de ». L'animal qui fuit devant le danger s'aperçoit de ce qui advient : il est conscient de ce qui se présente à lui. Toutefois, il ne s'aperçoit pas qu'il s'aperçoit. Le redoublement de la conscience semble être proprement humain : seul l'homme peut s'apercevoir de l'objet et de l'acte par lequel il s'en aperçoit. Il peut, de la sorte, se prendre lui-même comme objet. Il est ainsi possible de distinguer la conscience immédiate, dénuée de réflexion, et la conscience réfléchie, capable de revenir sur soi. Cette distinction usuelle met en évidence la particularité du sujet : seul il dispose de la conscience de soi.

A partir du moment où un être a une certaine intuition de soi et de la réalité qui l’entoure, il peut prendre par rapport à lui-même et au monde une certaine distance et un certain recul qui lui permettra au moins d’envisager plusieurs solutions possibles à une même difficulté et de choisir celle qui lui semblera la meilleure. Ainsi la conscience ne se manifeste que chez les êtres pour qui l’action est possible, pour qui plusieurs possibilités d’action sont envisageables sans qu’aucune ne l’emporte a priori sur les autres : « la conscience correspond exactement à la puissance de choix dont l’être vivant dispose, c’est pourquoi conscience est synonyme d’invention et de liberté. ».

Soyons donc inventifs, notre conscience a besoin d'oxygène.
 
Traduit en anglais : yes, we can !

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