mardi 12 août 2014

Natura, nostra patria

"L'homme de loisir n'aime en général pour eux-mêmes, ni les champs, ni les prairies, ni le spectacle de la nature, ni les animaux superbes qui doivent se convertir en pièces d'or pour son usage. L'homme de loisir vient chercher un peu d'air et de santé dans le séjour de la campagne, puis il retourne dépenser dans les grandes villes le fruit du travail de ses vassaux." Gorges Sand, déjà au XIXème siècle, observait cette dichotomie entre le naturel et son scintillant emballage.

Observer l'éclosion d'un bourgeon au printemps, voir roucouler un couple de tourterelles, sentir l'odeur de l'herbe coupée ou observer la ronde des moissonneuses sous le soleil brûlant de l'été : que de sensations, oubliées ou inconnues, à (re)découvrir ! Quel plaisir oublié d'observer le rythme des saisons, d'admirer le coucher du soleil derrière le champ moissonné ou scruter les étoiles loin de la pollution lumineuse !

L'homme se veut maître de la terre mais ne l'aime pas pour ce qu'elle est. Le biologiste modifie génétiquement le maïs pour le rendre tolérant à un herbicide, le touriste sillonne les sentiers à VTT, l'industriel tire profit des cultures et de l'élevage, mais l'homme citoyen n'a plus aucune conscience du lien qui l'unit au sol comme un cordon ombilical. 

Qui saura bientôt que les œufs ne sont pas une forme de poudre lyophilisée, que la laitue n'est pas une salade hydroponique ou que les poulets ne viennent pas au monde sans plume ? Qui sait encore que l'artichaut soigne les problèmes  digestifs, que la carotte traite les troubles biliaires ou que l'infusion de thym guérit des maux intestinaux ? Tout simplement qui se souvient que c'est au mois de juin, la saison de manger des fraises ?

Observer la nature contribue à aiguiser le sens de l'observation mais aussi à prendre conscience de sa beauté et de sa diversité. La nature n'est pas une banalité, c'est notre milieu "naturel", un milieu riche en espèces végétales et animales, un milieu équilibré que nous devons apprendre à respecter. 

Profitons de moments d'ėvasion pour retourner dans nos campagnes et nos montagnes, retrouver les rythmes naturels, donner le temps au temps, relativiser le sens des choses, revisiter nos valeurs.  Observer, de l'aube à la nuit.  Protéger, préserver l’environnement, penser aux moyens de sauvegarder cette nature qui s'éveille, s'ébat, se meut. Se rappeler le respect que nous devons à chacun de nous ; la vie, l'amour, la mort, chaque instant un perpétuel mouvement qui fait réfléchir à notre condition de citadins angoissés et retrouver une relative sagesse terrienne.

Redonner un sens au progrès, une paix, une tranquillité, une saisonnalité, oubliées dans les affres du stress de la ville.  Renouer avec les racines de la vie, c'est vivre !!!

Finalement, la vie naturelle n’est pas « derrière » nous comme un mythe dépassé et dangereux, mais plutôt devant nous comme une utopie nécessaire. Un sens politique qui est celui de notre survie collective. Mais un sens qui n'est ni de droite ni de gauche, ni pro ou anti-capitaliste, le sens de notre "patrie commune".  La vie naturelle ne désigne rien d’autre que notre survie de terriens et individuellement que notre bonheur. 


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